dimanche 9 juin 2013

Sécuriser les parcours des ressortissants étrangers en France



Sécuriser, c'est tenter de rassurer. Rassurer qui? Les étrangers menacés par la dureté de la loi réglant leur séjour? La société française menacée par les étrangers? Premier volet des réformettes de 2013, un meilleur accueil dans les préfectures et l'harmonisation de leur interprétation de la loi.
Selon les services du premier ministre, «le gouvernement a souhaité aborder la question de l'immigration avec un esprit d'apaisement et de responsabilité», évoquant «une volonté du gouvernement de réorienter la politique d'immigration de notre pays en privilégiant la concertation et l'analyse plutôt que les réformes incessantes et finalement inefficaces». Dans le même esprit, le ministre de l'Intérieur a déclaré, en conclusion du débat sans vote au Sénat sur l'immigration professionnelle et étudiante, le 24 avril 2013, préparant une retouche de la loi: «Ce projet de loi ne doit pas être l’occasion d’un grand déballage sur toutes les problématiques d’immigration – parfois, nous aimons bien les « cathédrales législatives » –, qui risquerait de susciter des passions inutiles dans le contexte actuel.»
Ces déclarations, ces éléments de langage, illustrent bien la tartufferie du pouvoir. Regardons ce qu'il en est en réalité.
- Les "réformes incessantes et finalement inefficaces", ce sont les modifications législatives au cours de années 2002-2012, qui ont conduit à une loi gravement inhospitalière et brutale, que le nouveau pouvoir se refuse à remettre en cause en profondeur.
- "Réorienter la politique d'immigration", c'est deux ou trois retouches techniques de cette loi (dont une partie imposée de l'extérieur, par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, le Conseil d'Etat, ou encore par des décisions de l'Union Européenne), et une pléthore de circulaires, qui classent les gens par profil (étudiants, familles, certains travailleurs,...) pour leur faire miroiter une petite porte d'entrée. Or, qui dit circulaire dit impossibilité de recours devant la justice qui, elle, ne connait que la loi.
- Qui est apaisé, dans l'histoire? Peut-être l'opinion ainsi manipulée, mais certainement pas la majorité de nos voisins, ces étrangers toujours sous la menace.