vendredi 25 janvier 2013

Petit manuel de politique de l'immigration




A en croire le ministre de l'intérieur, une politique de l'immigration ferme et respectueuse des personnes peut être résumée en une phrase: "il y aura des reconduites à la frontières, et elles seront nombreuses".
Le 20 janvier 2013, le ministre de l'intérieur était interrogé sur Canal+ sur ce qu'il est convenu de nommer la politique de l'immigration. L'entretien était introduit par un reportage qui détaillait sans complaisance les leurres et lacunes de la circulaire de régularisation du 28 novembre 2012, insistant sur l'étroitesse des conditions de régularisation des travailleurs: on leur impose de présenter des fiches de paie alors qu'officiellement ils n'ont pas le droit de travailler.
Premier commentaire du ministre à l'issue de la projection: "Cette circulaire ne doit pas amener un afflux de régularisations supplémentaires". Puis l'entretien commence. Extraits.
Question. Pas question de régulariser des salariés qui n'auraient travaillé qu'au noir?
Le ministre. Non, ce n'est pas le cas. Dans la circulaire, ces cas sont heu évidemment traités, ils ont fait l'objet d'une très longue discussion entre d'une part le ministère de l'intérieur et celui du travail...

samedi 19 janvier 2013

La désobéissance civile




On ne s’improvise pas désobéissant collectif. Ça se travaille. Dans le désordre et la discipline.


Je me suis rendue à un stage de formation à la désobéissance civile pour connaître les outils de ce mode d’action qui privilégie l’organisation aux dépens de la spontanéité. Il permet de casser les routines des modes traditionnels de revendication – comme une manifestation ou un rassemblement – qui, s’ils sont nécessaires dans un premier temps, sont insuffisants par la suite et minent souvent le moral des « troupes ». Ils doivent alors s’accompagner d’actions plus radicales qui dépassent l’objectif d’information et d’expression d’une opposition pour bloquer un fonctionnement : faire perdre du temps, de l’argent à nos ennemis ou les discréditer aux yeux de l’opinion publique.

jeudi 17 janvier 2013

Sept mois au pouvoir et on en a déjà marre



Ça y est, 2013 a pointé le bout de son nez, mais, dans les foyers, le champagne n’a pas été ouvert car, aujourd’hui comme hier, il n’y a pas grand-chose à fêter. La dernière élection présidentielle, qui mit le Parti socialiste (PS) au pouvoir, a donné à quelques-uns, trompés par le nom dudit parti, un peu d’espoir. L’espoir d’une société plus juste, plus libre, plus fraternelle. L’espoir de voir balayer en un revers de main (gauche) les années du sarkozysme et son lot de discours haineux et de pratiques ô combien antisociales. Mais les espérances d’un réel changement furent de courte durée et la désillusion s’est vite emparée de ceux qui ont à nouveau osé y croire.

Au niveau du travail, les patrons se sont vus gratifiés des milliards d’euros de cadeaux tandis que la condition des travailleurs, elle, n’a pas bougé d’un iota : le prétendu retour sur la réforme des retraites de 2010 ne concerne même pas 100 000 salariés, les chiffres du chômage ne cessent d’augmenter et les entreprises de fermer ou de supprimer des emplois (Fralib, ArcelorMittal, Technicolor, Sanofi, Air France, PSA, Virgin, etc.). On nous avait promis des sauvetages à la pelle, on se retrouve avec un poignard entre les omoplates.

lundi 14 janvier 2013

Respect du droit ou respect des étrangers, il faut choisir


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Selon un communiqué du PS du 23 novembre 2012, "l’action du gouvernement s’inscrit dans un souci de respect des droits des étrangers et du respect du droit". Le souci, justement, c'est que la loi qui régit la vie des étrangers en France - le droit, donc - considère comme peu de chose leurs droits humains fondamentaux. Après sept mois de cet impossible double respect, où en est-on?
Le Réseau Education Sans Frontières (RESF) est né du besoin de protection des enfants des écoles et des adolescents des lycées lorsque leur nationalité étrangère les met en péril. Il est actif un peu partout en France autour d'eux. Il a entrepris de dresser la liste des urgences graves dont il a eu connaissance et contre lesquelles il s'est mobilisé et a su mobiliser, souvent avec succès, depuis mai 2012. La liste est interminable de ces situations humaines brisées par ledit "respect de la loi". Nous en donnons les résumés. Le détail est sur le site.

JANVIER 2013
14 janvier, Saint-Brieuc (22). Zviad Suladze, Géorgien, a refait sa vie en France depuis huit ans, deux enfants ici (16 ans et 21 mois)Expulsion programmée pour le 14 janvier. RESF 22 et RESF 35 appellent à un rassemblement devant le CRA de Rennes lundi 14 janvier à 12h30 pour demander la libération de Zviad Suladze, ainsi que celle de Clara K, une demandeuse d'asile congolaise du Nord Kivu, mariée à un réfugié angolais, dont l'expulsion est prévue le 15 janvier.

samedi 12 janvier 2013

Ces pelés, ces galeux qui ne savent pas parler au préfet




Mercredi 9 janvier 2013, au 68ème jour de leur grève de la faim, les lillois étrangers ont à nouveau rencontré le préfet du Nord. Ils ont cru qu'il allait enfin proposer un calendrier d'examen de leurs demandes de titres de séjour. Raté: les formes administratives ne sont pas les bonnes...
"Un mal qui répand la terreur,Mal que le Ciel en sa fureurInventa pour punir les crimes de la terre,La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,Faisait aux animaux la guerre. (...)

mardi 8 janvier 2013

Le riche se reproduit même en captivité




Réjouissons nous, parmi les 500 plus grandes fortunes françaises :11 milliardaires en euros de plus cette année.
S’il fallait peser 14 millions d’euros en 1996 pour figurer dans ce prestigieux classement, il en faut 60 aujourd’hui pour s’y maintenir.
Malgré les cris alarmistes de la Ligue de Protection des Riches (Medef UMP FMI…), non seulement le milliardaire n’est plus en voie de disparition, mais en plus, grâce aux progrès de l’ultra libéralisme en sa politique de dérégulation et aux soins constants de nos gouvernements largement mobilisés, le riche, espèce fiscalement protégée, se reproduit aujourd’hui même en captivité.

Banques contre Peuples : les dessous d’un match truqué !





2007-2012 : 6 années qui ébranlèrent les banques


Depuis 2007-2008, les grandes banques centrales (BCE, Banque d’Angleterre, Fed aux Etats-Unis, Banque de Suisse) donnent la priorité absolue à tenter d’éviter un effondrement du système bancaire privé. Contrairement au discours dominant, le risque principal qui menace les banques n’est pas la suspension du paiement de la dette souveraine |1| par un Etat. Aucune des faillites bancaires depuis 2007 n’a été provoquée par un tel défaut de paiement. Aucun des sauvetages bancaires organisés par les Etats n’a été rendu nécessaire par une suspension de paiement de la part d’un Etat surendetté. Ce qui menace les banques depuis 2007, c’est le montage de dettes privées qu’elles ont progressivement construit depuis la grande dérèglementation qui a commencé à la fin des années 1970 et qui s’est achevée au cours des années 1990. Les bilans des banques privées sont toujours bourrés d’actifs |2| douteux : cela va d’actifs carrément toxiques qui constituent de véritables bombes à retardement à des actifs non liquides (c’est-à-dire qui ne peuvent pas être revendus, écoulés, sur les marchés financiers) en passant par des actifs dont la valeur est tout à fait surfaite dans les bilans bancaires. Les ventes et les dépréciations d’actifs que les banques ont jusqu’ici enregistrées dans leurs comptes afin de réduire le poids de ces actifs explosifs ne suffisent pas. Un nombre significatif d’entre elles dépendent d’un financement à court terme (fournis ou garantis par les pouvoirs publics avec l’argent des contribuables) pour se maintenir à flot |3| et pour faire face à des dettes elles-mêmes à court terme. C’est ce qui a mis la banque franco-belge Dexia, véritable hedge fund de très grande taille, trois fois au bord de la faillite en 4 ans : octobre 2008, octobre 2011 |4| et octobre 2012 |5|. Au cours de l’épisode le plus récent, début novembre 2012, les Etats français et belges ont apporté une aide de 5,5 milliards d’euros (dont 53 % à la charge de la Belgique) pour recapitaliser Dexia SA, société financière moribonde, dont les fonds propres ont fondu. Selon Le Soir : « Les capitaux propres de Dexia maison-mère sont passés de 19,2 milliards à 2,7 milliards d’euros entre fin 2010 et fin 2011. Et au niveau du groupe, les fonds propres totaux sont devenus négatifs (-2,3 milliards d’euros au 30 juin 2012) » |6|. Fin 2011, les dettes immédiatement exigibles de Dexia SA s’élevaient à 413 milliards d’euros et les montants dus au titre de contrats de dérivés à 461 milliards d’euros. La somme de ces deux montants représentait plus de 2,5 fois le PIB de la Belgique ! Pourtant les dirigeants de Dexia, le vice-premier ministre belge Didier Reynders et les médias dominants prétendent encore que le problème de Dexia SA est largement provoqué par la crise des dettes souveraines dans le sud de la zone euro. La vérité, c’est que les créances de Dexia SA sur la Grèce ne dépassaient pas 2 milliards d’euros en octobre 2011, soit 200 fois moins que les dettes immédiatement exigibles. En octobre 2012, l’action Dexia valait environ 0,18 euro, soit 100 fois moins qu’en septembre 2008. Malgré cela, les Etats français et belge ont décidé une fois de plus de renflouer cette société de défaisance en faisant du coup augmenter la dette publique de leur pays. En Espagne, la quasi faillite de Bankia a également été causée par des montages financiers douteux, et non pas par un quelconque défaut de paiement de la part d’un Etat. Depuis 2008, le scénario s’est répété une bonne trentaine de fois en Europe et aux Etats-Unis : à chaque fois, les pouvoirs publics se sont mis (et se mettent systématiquement) au service des banques privées en finançant leur sauvetage par l’emprunt public.


dimanche 6 janvier 2013

FAUT-IL MOURIR POUR AVOIR DES PAPIERS ?





Excusez les majuscules, mais comment ne pas CRIER quand les autorités - municipales, hospitalières, religieuses, préfectorales, gouvernementales - ne peuvent pas entendre qu'il n'est plus question d'ordre public ni de traitement administratif légaliste pour ces travailleurs étrangers à leur 66ème jour de grève de la faim?
Les appels en direction du pouvoir se multiplient, en vain. La visibilité médiatique reste très modeste, alors qu'ils sont encore une quarantaine en grève de la faim, selon La Voix du Nord. Ils ont commencé à plus de cent, ils persistent depuis le 2 novembre 2012.
Une infirmière membre du MRAP leur a rendu visite le 1er janvier 2013. Elle a l'habitude des grèves de la faim. Elle est revenue attérrée de ce qu'elle a constaté.

jeudi 3 janvier 2013

Les revenus démesurés des grands patrons et des cadres dirigeants



Les patrons les mieux rémunérés de France touchent entre 400 et 1 500 années de Smic par an... Et encore, sans tenir compte de tous leurs avantages.


Le revenu annuel d’un grand patron représente de 400 à 1 500 années de Smic, selon les données 2011 publiées par Proxinvest dans son quatorzième rapport La Rémunération des Dirigeants des sociétés du SBF 120 (11 décembre 2012). De 5,5 millions d’euros pour Olivier Piou (GEMALTO) à 19,6 millions d’euros pour Maurice Lévy, patron de Publicis (ce niveau record est en partie dû au versement anticipé de ses bonus différés, une prime exceptionnelle de 16 millions d’euros).

mercredi 2 janvier 2013

Barbarismes d'Etat




Certes, les affaires "d'en haut" (fraude fiscale, conflits d'intérêts, corruption, etc) illustrent, tout autant qu'elles révèlent, des lignes de forces de notre société. Mais les affaires "d'en bas" pullulent, résultant de choix politiques tout aussi signifiants. Elles touchent tout un chacun, nos proches, nos voisins: TVA, banques, industrie, logement, hébergement d'urgence. Loi d'airain contre les étrangers.
Il y a une affaire Solhail et une affaire des grévistes de la faim de Lille. Ahmed Sohail, Azzedine B., Ahmed B. n'avaient pas de compte en Suisse, ils ne rêvaient pas d'exil fiscal. Ils voulaient juste continuer à vivre ici de leur travail. La LOI, si facilement oubliée pour d'autres, les a rattrapés après des années en France, où ils avaient tissé les liens d'une vie normale.