mercredi 3 octobre 2012

Ils Vont Revenir, N'Est-Ce Pas ?


« Ils vont revenir ?
Oui.
Oh ! putain …
Tu l’as dit… »

Tu les imagines, dis ? Tu les vois ? Avec leurs gueules. Pire : avec leurs mots. Et leur victoire. Totale. Définitive... Tu veux que j’te dise une chose, une seule : t’es pas prêt de la revoir, au pouvoir, ta putain de gauche. Du moins, celle que tu nommes : la gauche. Et tu sais pourquoi ? Parce que t’es un foutu clampin de mes deux… Tu dis appartenir à la gauche, parce que c’est cool, n’est-ce pas ? Parce que, ma foi, t’aimerais pas qu’on dise de toi, qu’en fait, t’es qu’un keum de droite. Eh bien j’vais te dire : t’es un vrai keum de droite. Pure... T’as tout bazardé. Les idéaux. Les luttes. Tes anciens poteaux. T’es qu’un escroc de lâche… Qui obtempère. Au clairon de l’appareil… Tu craches sur la gauche Tagada, celle des Mélenchon, des Arthaud, des Besancenot, des Poutou, et la Verte, alouette, mais t’as oublié un truc, mon garçon : c’est que cette gauche-là, elle ne fait que poursuivre un combat. Et tu veux que je te dise lequel ? Non, coco, c’est pas celui du PCF, de la LCR, ni même des trotskistes, des lambertistes ; de tout ce que tu méprises, en fait. Non, c’est juste celui du PS, celui de 1978. Celui qu’était, quand même un peu, du côté du peuple. Ou se disait, voulait, être de ce côté. Parce que des années de disettes. Parce que l’espoir. C’est l’espoir qu’était le mot-clé. Une merveille. Voilà l’histoire. Et quelle histoire !...

Mais tu ne la connais pas, l’Histoire. Du reste, ça te fatigue. T’es tellement flemmard. De tout. De l’esprit. En particulier. Toi, t’écluses, et tu fais le barbeau sur les réseaux sociaux. Tu craches sur la gauche de la gauche, de la gauche (ad lib). Parce que tu tiens, plus que tout, à quelque chose : Toi. Et ton petit confort. Ton petit chez toi. Tes petites affaires. Ton petit monde, factice. Ta misère. Ton déni. Et ton drame. Ton drame, ouais, nommé : Désir… Rien ne compte plus que ton égoïsme. C’est ce qu’il y a de plus grand, en toi. Au chaud, qu’il est, dans ta mesquinerie. 

« Tu en es sûr ?
Quoi ?
Qu’ils vont revenir ?
Oh que oui ! »

J’suis quasi certain que quand ils y seront, fiers, arrogants, tu seras le premier à hurler, geindre, rouspéter, ou faire mine de prendre le maquis. Alors que rien. Tu n’auras rien fait. Pour l’empêcher. Imposteur jusqu’au bout... Rien ne t’arrête, n’est-ce pas, godillot ? La malhonnêteté, ça te connaît. Jusqu’à soutenir un traité auquel, hier, tu trouvais les pires tares et défauts. Pour la seule raison qu’il était estampillé Sarkozy... On te refile le même, et tu approuves, des deux mains, des deux pieds, comme une groupie !?! Comme un aveugle ! Ou t’as de la merde dans les yeux ou c’est juste que t’es con... Le con, contrairement à c’qu’on dit, c’est pas toujours sympathique. Ça dépend d’un tas de facteurs, en fait. Comme le climat. Tu sais, le contexte ? S’il est à l’orage, à la guerre, à la haine, y’a plus de place pour le con. Il est, de fait, le pire des cons, autrement dit : un sale con… *

Non mais, sans déconner, tu le sens pas, le putain de vent tourner ? Dans ton petit monde franco-français, ça te dit quelque chose, le Grec, l’Espagnol, l’Italien ? Tu te sens solidaire, ou tu t’en branles comme de ton premier Smartphone ?... Comme de bien sûr, je t’épargne la Syrie, l’Iran, Israël, tout ce bruit de bottes, de bombes, cette mondiale qui s’annonce, c’est pas ton tracas, n’est-ce pas ? Tu ne vois que par la France, ton Ayrault, ton Hollande. Mais dis-moi, pourquoi, alors, tu ne te fais pas souverainiste, toi, le pseudo de gauche ? Tu serais plus logique, en somme... Ah pardon ! Oui ! Souverainiste, c’est « mal ». T’aurais moins, beaucoup moins de followers, d’amis Facebook. Tu tiens à ton image. De faussaire. De gauche. Tu tiens à rester dans le camp du « bien ». Je comprends... Je présume, itou, qu’un article de Lordon, ça t’emmerde. C’est beaucoup trop long, n’est-ce pas ? Toi, t’aimes quand ça ne dépasse pas les limites de ton écran. Bien sûr…

« Et la Le Pen ?
Oui.
Elle y sera ?
Où ça ?
Tu sais bien, allons !
Non. Elle n’en sera pas.
Tu en es sûr ?
Pas totalement.
Ça veut dire que : ça dépend ?
Voilà. Ça dépend.
De quoi ?
De jusqu’où ils iront. S’ils vont jusqu’au bout, alors, ils n’en auront pas besoin.
De la Le Pen ?
Exactement.
Ça veut dire quoi : aller jusqu’au bout ?
Ça veut dire : ne plus simplement reprendre les thèmes du FN, mais les appliquer. 
Ils ne feront jamais ça ! Enfin ! La droite républicaine …
Détrompe-toi. Ils le feront. 
Pourquoi ?
Parce que, désormais, il en va de leur survie. 
Mais ça ne marchera jamais !
Si ! Parce qu’ils nous feront croire qu’en réalité, il en va de la nôtre.
De la nôtre ?
De survie, pardi ! »

Ah, elle était chouette la gauche. Tu te souviens, « camarade » ? Il y avait un mot – j’insiste – un seul, il était moteur. Il était fédérateur. Tu ne peux pas savoir, toi, qu’es cynique, girouette, sans le moindre scrupule, sans la plus petite conviction, ô combien il pouvait soulever des foules. Entière. Ce mot, qui va te paraître désuet, il s’écrit : « Espoir ». Il n’y en a pas un microgramme de poil dans cette "gauche" dont tu te réclames, que tu soutiens. C’est même pas qu’elle est « molle », cette gauche. Ça, c’est des mots, du slogan, de la petite phrase pour faire jouir le média. Comme un tweet de Trierweiler. C’est dire, si on est descendu bien bas... Quand tu penses que des journalistes certifiés, accrédités, nous font encore de la prose sur ce tweet, et que ça se lit, que ça fait des entrées par quintaux ! Ça ne te met pas comme la puce à l’oreille, dis ? Sur le sale état dans lequel elle est, la société ? Tu ne te dis pas, juste une fois, qu’il y aurait quelque chose de pourri dans ta démocratie d’opinion ? Qu’on ne te prendrait pas, matin, midi et soir, par hasard, ou par autre chose (de plus fâcheux), pour le dernier des cons ?... Mais si tu ne dis rien, si tu ne t’insurges pas, alors, je te le dis, en un mot comme en cent, tu es complice. Pire : tu es coupable, car tu marches avec eux. Avec ce merdier... Alors, tu parles, le danger, celui qui nous guette, comme tu n’es pas prêt de le voir, se radiner. Pourtant, il est là. Déjà. A ta porte. Je t’assure…

Si tu n’as pas encore compris cette chose simple, limpide, que pour vivre bien, ensemble ; je veux dire : pour que la plus grande partie de ce monde vive bien, il te faut t’oublier, toi, ton réseau sôôôôcial, ton confort, ton petit chez toi. Si tu n’as pas encore compris qu’il faut prendre des risques, se mouiller, quitte à tout perdre – et alors ? Eh bien, c’est l’inéluctable, si prévisible pourtant, qui surgira. L’Histoire, celle que tu ne connais pas, ou ne veux pas connaître, se répète. Et tu sais pourquoi, elle se répète ? La réponse est en amont : parce que tu ne la connais pas, ou ne veux pas la connaître. C’est pourquoi, toujours, elle se répète. C’est notre lâcheté, mise en commun, qui le permet.


« Tu ne soutenais pas Hollande, toi ?
Et merde…
Quoi : merde ! Attends, c’est bien joli de donner des leçons, mais puisque tu causes d’histoire, même si c’est de la petite qu’intéresse personne, là, pour le coup, t’es refait … Car je l’ai lu, ici-même, si ce n’est ailleurs, et rétribué en plus – mon cochon ! – tu l’as soutenu, ce type…
Eh bien, oui. J’avoue.  J’ai pensé que …
Que quoi ?
Qu’il ferait le boulot !
Tu déconnes ?
Non. Entre DSK, Sarko et lui, faut dire, y’avait pas photo. Pas grand choix, non plus.
Mais y’a pas que le PS, bordel ! Et la gauche, celle qui continue le combat. Celui de 1978.
Dans une France qui se « droitise » de plus en plus ? Elle n’avait pas l’ombre d’une chance. Elle n’a jamais eu, du reste, l’ombre d’une chance dans ce pays (très) conservateur. La seule qui nous restait, c’était d’envoyer, même si ça nous désolait, le seul parti, dit institutionnel, donc acceptable par le plus grand nombre, à l’Elysée. Après quoi ...
Après quoi, quoi ?
Il fallait le mettre sous pression. Dès le début. Et par tous les moyens. Manifestations dès le premier couac, le premier coup de canif au contrat. Dans la rue, sur les réseaux sociaux, partout, quitte à les hacker ! 
Hacker Ayrault ?
Ben oui.  Il le mérite cent fois, non ? Lui et son orchestre.
Au fait, il dit quoi, Hamon ?
Rien. Il ne dit rien. »

Crache ! Continue à cracher sur la gauche de la gauche. Et sur les écologistes. C’est de bon ton. Et ça plaît à tout le monde. Surtout à l’oligarchie. Ils sont ravis. D’autant que ça fait, et leur beurre, et leurs oignons… Je ne suis pas prêt, je dois dire – aparté – d’oublier comment, durant la campagne présidentielle, en France, elle fût traitée, Eva Joly. Ça en dit long. Très long. Sur le climat. T’as pas trop moufté, hein ? Au contraire ! T’as abondé, dans la blague, le dérisoire. T’étais pas le dernier à la lance-flammer, Joly. Au nom de l’humour, bien sûr. J’entends bien... Sous couvert d’humour, faut dire, on peut s’en permettre, n’est-ce pas, des choses. Comme du racisme. Et dire, que non, c’en est pas. C’est pour de rire. Mais n’est pas Coluche qui veut... A ce propos, il est mort. Depuis lurette... Et toi, t’es pas drôle. T’es juste un raciste larvé qui s’ignore. Planqué sous l’alibi suprême : je suis de gauche ! Comprendre : si j’suis de gauche, j’peux pas être raciste, voyons ! J’suis un mec bien, moi !... Un mec qui met dans le même sac l’extrême-droite et l’extrême-gauche, même par inadvertance, ne peut pas être un type bien. Encore moins de gauche. C’est juste un imposteur. Mais pas le magnifique ! Car il en existe, des imposteurs du genre sublime. Mais non. Là, c’est celui qui se parjure lui-même. Qui se ment à lui-même. A tout le monde. Qui se fait passer pour ce qu’il n’est pas, ce qu’il n’a jamais été. Mais qu’a fini par oublier d’où ça vient. Quand ça a commencé. C’est pas de l’amnésie, ah non ! Pour que ça en soit, faudrait-il qu’il y ait eu, auparavant, un semblant de mémoire. Or, il n’y en a jamais eu. Faut dire qu’une mémoire, ça se travaille. Ça demande de l’effort. Ça réclame de l’exigence. De la ténacité. Et même, je dirais : du courage...

Eh bien parce que tout ça manque, et a toujours manqué ; parce que tout le monde s’en fout ; parce que l’espoir est mort ; que la gauche, celle au pouvoir, n’est plus, et depuis fort longtemps, la gauche, mais juste une droite modérée, une demi-molle avec la raie bien sur le côté, de celle qui caviarde avec la finance, lui fait les yeux doux, de merlans frits, des risettes en veux-tu, en voilà, plutôt que de la mettre au pas ; parce qu’elle a tout oublié, à commencer par l’Espoir ; parce que le bonheur du peuple, des gens du quotidien, n’est plus son combat premier ; parce que les gens du quotidien n’en ont rien à caguer des autres gens du quotidien, que comme les loups, ils passent leur foutu temps à se bouffer entre eux, par jalousie déplacée, par étroitesse d’esprit, par médias interposés leur inculquant dans le cervelet des idées à la con, des résignations, de la fatalité formatée ; et parce que cette gauche de sombre Ayrault est incapable de se révolter, sinon ânonner des mots creux comme « Justice », comme si ânonner ce mot-là pouvait suffire à faire en sorte qu’il fût, enfin, une réalité, alors oui, ils vont revenir.

« Mais quand ?
Avec un peu de chance, pas avant mai 2017.
Parce que ce serait possible avant ?
Bien sûr. »

Tu les imagines, dis ? Tu les vois ? Avec leurs gueules ? Morano, Luca, Ciotti, Estrosi, Hortefeux, etc. Et leurs mots. Pire : leur victoire. Totale. Définitive. Cette arrogance. Insupportable. Une droite décomplexée, comme jamais... J’te dis pas le carnage... Là, y’aura plus personne pour les retenir. D’autant qu’ils seront là pour (très) longtemps. Ta gauche, la supposée, vendue au Capital, au marché, aux banksters, elle n’est pas prête de revenir. Crois-moi. Elle jouera les utilités en seconde division. Une municipalité par-là, une région par-ci, et ce sera bien fait. Bien mérité pour sa gueule. La droite, la plus dure, elle a déjà gagné. C’est plié.

« Avec qui comme président ?
Oh ça, on s’en fout !
Ben quand même, c’est important. C’est pas la même chose si c’est Fillon ou Copé.
Qui te dit que ce sera l’un de ces deux-là, d’abord ? T’aurais misé un rouble sur Hollande, toi, en 2007, ou même en 2010 ?
Euh … Non.
Ben voilà. Du reste, ce ne sera pas l’homme qui comptera. Mais l’esprit.
L’esprit ? C’est-à-dire ?
Remonte plus haut, dans notre échange… Et tu comprendras.
Oh putain !
Comme tu dis. »

Sarkozy a perdu la présidentielle de 2012 dès les premiers mois de son quinquennat. Hollande vient de réaliser le même exploit. Sauf que ce n’est pas pour les mêmes raisons. La gauche, faut le savoir, c’est pas noté pareil. Le changement, quand on le promet, « maintenant ! », c’est maintenant. Or donc, ce sont des actes forts, tout de suite, de gauche véritable, ou alors, t’es mort. Pour longtemps... La gauche, même par temps de crise, d’orage et de haine, ça doit rimer avec : Espoir. Si ça n’y est pas, tu rentres chez toi. Normal !... Sans compter l’os de plus, le redoutable, c’est que la France, elle est de droite. Pis : elle est, depuis quelques temps, même que ça ne date pas d’hier, plus qu’à droite. Et elle le sera d’autant plus l’année prochaine, la suivante, etc. 
C’est comme j’te dis. J’invente rien. C’est ainsi que ça va s’enquiller. Mal… C’est aussi parce qu’on pense plus. On ne prend plus le temps pour. On twitte. On poste. Sans réfléchir. Et on recommence. Comme des crevards. C’est la dictature de l’immédiateté. De l’hyper-connexion. Aussi, de l’égo-trip. Or, quand un peuple succombe à l’immédiateté, à l’émotion, qu’il oublie de penser, de prendre le temps, long, exigeant,  celui de la réflexion, qu’il zappe toute raison, qu’il éjacule, précoce, alors, ce peuple-là est perdu. Et tu le sais, les gens, quand ils sont perdus, apeurés, déroutés, finissent toujours par confier leur destin aux pires régimes et lois qui soient. Ça s’est déjà vu, n’est-ce pas ?

« Oui. Ça s’est déjà vu.
Alors, ça reviendra. 
Mais … Les Indignés. C’est pas de l’espoir, ça ?
T’as vu des Indignés en France, toi ?
Non... Mais si ça se trouve, demain, avec tout c’qui s’passe, la récession, tout ça… J’sais pas, il pourrait y en avoir. Une génération spontanée, tu vois. Dès fois, ça pousse, d’un coup, d’un seul, au moment où on s’y attend le moins… Comme pour le CPE.
Tu… Tu plaisantes ou t’es sérieux, là ?
Je plaisante.
C’est bien.
Pourquoi ?
Parce que ça me permet de finir ce putain de billet sur une bonne note !
Enfoiré de gauchiste !
Imposteur de blogueur, me suffira. 
Qui ne veut plus refaire le monde avant qu’il ne…
Oh ta gueule ! 
[Rires révoltants] »

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