mardi 10 avril 2012

Les Rroms, persécutés sous Sarkozy, et qu'en sera t-il demain ?



Depuis le sinistre discours de Grenoble du 30 juillet 2010 qui visait expressément les Rroms, et la circulaire du 5 août 2010 dont l'objet portait sur "l'évacuation des campements illicites" et enjoignait les préfets d’engager une "démarche systématique de démantèlement des camps illicites, en priorité ceux de Rroms", l’Etat français n’a eu de cesse de persécuter les Rroms.

Les Rroms sont des ressortissants européens et l’acharnement que l’Etat français a mené à l’encontre de ces populations est inédit depuis le Gouvernement de Vichy, malgré la mobilisation d’associations comme La Voix des Rroms, RESF ou le GISTI, d’ONG comme Human Right Watch, Amnesty International, de syndicats, de certains organisations ou partis politiques (hélas peu nombreux), ainsi que de citoyennes et citoyens lambda, soucieux de faire respecter les droits inaliénables des Rroms à la dignité, à la liberté de circulation, à l’accès au logement, à l’éducation pour les enfants, aux aides sociales et aux services publics. Au cours de l’été 2010 l’Etat français s’est livré à un démantèlement généralisé des campements de Rroms jugés illégaux à coup de pelleteuses et de gaz lacrymogènes et autres violences (objectif : 300 campements à démanteler sur 3 mois). Situation révoltante et absurde car les maires des communes de plus de 5000 habitants sont tenus d’aménager un emplacement avec accès à l’eau et à l’électricité pour les gens du voyage. Et ce sont les maires qui, dans les faits, n’ont que rarement rempli leurs obligations.


L’Etat a donc non seulement bafoué ses engagements en matière de respect des droits humains, en ne respectant pas la Directive Européenne 2004/38/CE, relative à la liberté de circulation dans l’espace de Schengen, en organisant un harcèlement quotidien des Rroms, en renforçant l’appareil législatif qui criminalise à tout va la mendicité, en utilisant des services publics comme ceux de la RATP ou encore de la compagnie Air France pour expulser les familles, mais aussi en n’obligeant pas les maires à appliquer les lois existantes (même chose d’ailleurs pour les lois SRU et DALO, qui restent des voeux pieux).

La situation est d’autant plus dramatique quand ce sont parfois des maires de gauche qui appliquent avec zèle cette politique de la chasse aux Roms, comme par exemple le maire PS de Lyon, Gérard Collomb, devenu un spécialiste en la matière.

Il semblerait que les socialistes soient sur le point d’arriver aux responsabilités en mai prochain, mais sur cette question des Rroms, comme sur celle des sans-papiers, le discours du candidat François Hollande n’est pas très rassurant et ne laisse guère présager une rupture nette avec la politique raciste menée par la majorité actuelle. Même s’il s’est prononcé pour un meilleur respect de la dignité des Roms et a brièvement fait allusion sur Canal + à sa volonté d’aménager des espaces destinés à les accueillir dans des conditions plus dignes.

Il faudrait, pour que cela soit possible, que le futur gouvernement oblige cette fois-ci les collectivités locales à respecter la loi, sous peine de fortes amendes, et qu’il s’engage à faciliter l’accès au logement social aux Rroms, comme à toute personne touchée par la précarité et le mal logement, quelle que soit son origine ou sa nationalité.

Malheureusement, afin de ne pas froisser un électorat frileux et désinformé sur les "gens du voyage" - terme qui n’a d’ailleurs pas grand sens puisque plus de 95% des Rroms, manouches et gitans sont sédentarisés en Europe, le candidat du PS semble très peu explicite sur la question. Comme sur la question des sans-papiers et bien qu’il se soit, à l'occasion de ce même passage télévisé, clairement positionné pour un arrêt de l’enfermement des enfants en Centres de Rétentions Administratifs (CRA), il compte toujours poursuivre une politique d'expulsion en limitant le nombre d'immigrés dits légaux à 200 000 par an, et le doute sur le futur sort des Rroms est loin d'être dissipé. Cet objectif est à peine supérieur à celui du gouvernement actuel, avant les dernières annonces populistes du candidat Sarkozy, déterminé à limiter l'immigration légale de moitié.

Il serait temps, une bonne fois pour toute, que les socialistes - et leurs futurs alliés - rompent définitivement et de façon claire et nette avec la politique ségrégationniste et sécuritaire du gouvernement actuel.

Liens : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000583573

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