lundi 5 mars 2012

Une semaine en enfer





La bande-annonce vaut son pesant de cacahuètes. L'as des as, la star nationale des meetings électoraux, le champion du monde des scrutins, entre enfin en campagne. On va voir ce qu'on va voir. Il ne fera qu'une bouchée du batave, ce ballon de baudruche dégonflé dont la vacuité explosera bientôt à la face du pays.

Pour ce faire, il endosse les habits ad hoc : le col roulé de 2007, pull fétichisé par la superstition de la victoire, tel le slip que porte le footeux tout au long de sa carrière. Aussitôt, il s'affiche sans vergogne comme le candidat du peuple. Lui, l'ami des Bouygues, Bettencourt, Lagardère, Bolloré, Arnaud, Dassault, Bazire, Proglio, rayez la mention inutile...

D'entrée, il vilipende son rival, se montrant d'une rare agressivité à son égard. Ce dernier chancelle un temps, comme surpris par la violence des coups. Les sondages corroborent la montée en puissance du petit guerrier. La remontée de sa popularité est patente. Assurément, les courbes d'intention de votes se croiseront prochainement, se félicite la presse complice. Et, tandis que l'espace médiatique est saturé par l'omniprésence de son altesse sérénissime, une des semaines les plus noires de son règne va tout remettre en question.

Lundi soir, à la surprise générale y compris de son propre camp, cet "arrogant" de Hollande, déclare en direct live à Ferrari -l'amie de Louvrier, le conseiller en communication de Sarkozy- qu'il va taxer les très très riches à 75%. Erreur fatale se dit le teigneux en se frottant les mains. Il fait immédiatement sonner la charge de la brigade lourde. Morano, Copé, NKM et tout ce qui reste de la Sarkozie déliquescente, crient à l'amateurisme, à la spoliation, à la folie furieuse. Pas de chance pour notre guide de poche, un sondage indique que 61% de la population est favorable à cette mesure...

Mardi, le Conseil Constitutionnel, cet aréopage d'empêcheurs de légiférer en rond, censure la loi sur le génocide arménien, ce petit bijou d'opportunisme concocté par le locataire élyséen pour siphonner les voix de la communauté chère à Aznavour. Certes, on évite le conflit diplomatique avec les turcs mais l'honneur du roitelet est bafoué.

Vexé, le prince du bonneteau se doit de fanfaronner ailleurs pour reprendre la main. Il annonce, fier comme un bar-tabac, la libération d'Edith Bouvier, la journaliste du Figaro, bloquée à Homs avec une jambe brisée. Manque de fion, le satrape doit se dédire quelques heures plus tard. La pauvre femme est encore à cet instant-là hospitalisée en Syrie.

Quand ça veut pas, ça veut pas. Il faut inventer autre chose. Séduire par exemple une partie du corps enseignant où la côte de popularité du stratège des urnes est au plus bas. Acheter leur suffrage en leur donnant des sous, voilà une idée qu'elle est bonne. Et de sortir de son chapeau, une prime de 500 euros à chaque prof qui passera 8 heures de plus dans son établissement. La manoeuvre un tantinet grossière n'abuse pas les certifiés qui réservent à l'annonce, un accueil plus que tiédasse.

Mais la journée de jeudi va réserver au bellâtre son pire cauchemar. Il débute sa virée par une rencontre avec un couple d'agriculteurs qu'il se permet de blesser de façon odieuse. Alors que ces derniers avouent gagner péniblement le SMIC à eux deux, l'indécent personnage déclare, quant à lui, ne pas posséder "quarante hectares". Dans la foulée, sa longue marche dans le vieux Bayonne provoque huées et insultes. Déconnecté de la réalité, le candidat-président a seulement oublié qu'il est terriblement impopulaire dans le pays. Omis que d'habitude sur son passage, ses affidés convoquent une cohorte de figurants UMP pour faire la claque.

Il se réfugie alors dans un bar où il raconte n'importe quoi. Humilié par les quolibets, il accuse Hollande d'avoir fomenté un complot contre lui. Amusant ! Quand son adversaire est enfariné, l'impétrant se gausse. Quand c'est lui qui reçoit des oeufs sur la tronche, il en fait tout un fromage. Sans crainte du ridicule, il prétend ensuite que le corrézien veut pratiquer "uneépuration" chez les hauts-fonctionnaires de l'état alors que lui a nommé tous ses proches à des postes stratégiques, de la justice à la police, des finances jusqu'à la diplomatie et la culture.

Résultat de cette calamiteuse semaine, le compagnon de Valérie Trierweiler grimpe à nouveau dans les sondages. Les mouches ont encore changé d'âne. Et tandis que Guéant, jamais à l'abri d'une outrance, emboite le pas de Marine Le Pen, sur le thème de la viande halal, Sarkozy fait de la surenchère sécuritaire à Bordeaux et délivre un message d'une violence extrême envers les immigrés, histoire de racler un peu plus les suffrages du FN. Toute cette agitation frénétique n'a plus aucun sens. L'énervé a-il fait un tel début de campagne pour des clopinettes ?

PS : aux dernières nouvelles, tata Angèle organise un boycott européen pour empêcher Hollande d'arriver au pouvoir. Sarko sait-il encore où il habite pour fomenter un tel complot ? 


Merci à c'politic! pour l'illustration.
source

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire