mardi 7 février 2012

Et si l’extrême-droite devenait le premier parti de France ? L’aliénation totalitaire monte…



Voici le paysage barbare qui s’organise : Avril 2012 et le néofascisme qui s’installe. Le Front National et ses alliés devançant Hollande, Sarko, Mélenchon et Bayrou. L’extrême-droite ramassant le tiers des votants. Alors partout pointe l’inévitable culpabilisation de tous les autres, et des abstentionnistes en particulier qui deviennent la cible préférée des prétendus démocrates. Une mauvaise blague ? Non, la sous-évaluation chronique des votes fachos dans les sondages pourrait bien masquer cet avancement du folklore oligarchique actuel : le Front National, premier parti de France.


A jouer avec le feu…Mais ce n’est pas cette perspective nauséabonde qui s’avère la pire, mais bien plutôt la fascisation continue du monde…

Qui peut nous faire croire que les rhétoriques simplificatrices de l’extrême-droite ont pu être contrariées un jour par des bien-pensants ? Jamais le FN n’a été « diabolisé », jamais il n’a été peint pour ce qu’il était vraiment, une porte ouverte sur le pire. Les années de stigmatisation, ce sont les jeunes, les Roms, les sans-papiers, les sans-abris, les prostituées, les pauvres en général, qui les ont subies à travers des diatribes caricaturales, répétées jour après jour. Et cela, depuis Sarkozy brocardant « les discussions mondaines entre droits-de-l’hommistes professionnels », en passant par les considérations décomplexées de Zeimour et jusque dans les divertissements télévisés. Mais, qu’on se rassure ! Il est bien des républicains et des commentateurs pour nous annoncer que l’extrême-droite ne sentirait plus le souffre, que les hébétés qui votent FN seraient simplement des brebis égarées du droit chemin libéral. Des gens bien propres et présentables qu’il ne faudrait surtout pas parodier, ou alors une populace ignare des réalités politiques. Juste des gens un peu répressifs, un peu xénophobes, un peu homophobes, un rien totalitaires en somme. C’est un peu vite oublier quels moutons ont fait entrer au parlement les bouffons Loukachenko, Benito, Adolph ou autres dictateurs d’opérette aux mains rouges.

On le sait pourtant. Nulle part et jamais l’extrême-droite n’a fait le bonheur des bourgeois, encore moins des salariés. Les pensées criminelles ne sont jamais loin derrières les thèses populistes et xénophobes. Marine Le Pen peut bien se laisser aller à dire son aversion contre le nazisme, l’extrême-droite ouvre la porte à des opinions tout autant détestables. Comme le dévoile à nouveau la Hongrie, il suffit d’une modification de la constitution, d’un vote pour faire d’un petit caporal d’opérette un intraitable dictateur au service du capital. En admettant que ces idées courtes ne soient plus vues comme honteuses, c’est toute l’histoire récente que l’on oublie. La droite extrême est une honte pour la vie. Parions que la droite décomplexée ne soit pas mieux. No passaran.

Les thèses élémentaires de l’extrême-droite, qu’elles soient issues des débilités réactionnaires assoiffées de puritanisme ou qu’elles soient surgies des humeurs d’un petit moustachu à la frange grasse, ont été copieusement relayées d’années en années par nombre de zélateurs ahuris. Ils en ont fait aujourd’hui un horizon possible. Les droites néolibérales ont patiemment contribué à justifier une à une de nombreuses diffamations extrémistes. La droite ne se contente pas de calquer les opinions fachos, elle applique peu à peu une part de leur programme. L’Europe est un pays où s’est installée l’extrême-droite, avec ses députés assassinés, ses violences électorales, ces jeunes jetés des ponts. Mais il était encore possible de pousser davantage l’abjection. Il y a eu la politique répressive des droites, celle des lois contre la liberté, des états d’urgence contre des enfants des banlieues, des gamins électrocutés pendant les poursuites policières ou se jetant des fenêtres pour échapper aux contrôles toujours plus sévères. Nous avons eu des ministres raillant les immigrés, rigolant du sexisme, délogeant les sans-abris, blaguant sur les « auvergnats », expulsant les roms et détruisant leurs pauvres abris de toile, armant des caméras sur le moindre balcon, fichant génétiquement les jeunes, les salariés, jusqu’aux mères de famille, et votant nombre de lois sévèrement dévolues à briser le moindre soupçon de révolte. Il y a toujours des polices secrètes et la trop fameuse épithète « connu des services de police » qui ne veut rien dire mais qui fleure bon le préjugé facile et ô combien usité dans les gazettes. Les abstentionnistes n’y sont pour rien, eux qui refusent de légitimer par leur vote cette farce-là.

L’obscène caresse des rentiers sur le dos brun des fachos reste le vrai problème.

Ils s’effraient si vite les petits rentiers. Les « marchés », c’est le nom pudique des exploiteurs et autres spéculateurs. On savait déjà combien les « marchés » détestaient la démocratie et envoient piteusement leurs actions à la baisse au moindre débat comme l’ont montré les « printemps » arabes par exemple. De fait, même l’oligarchie de ces élus professionnels ne réussit pas à charmer le serpent monétaire qui exige un calme total pour gérer ses gros sous. Une « pax romana » du glaive par exemple. Le commerce bénit volontiers l’autoritarisme du moment qu’il ne touche pas au grand business mondial. Car chez ces gens-là, c’est le monde qu’on brasse, Monsieur.

Si les régimes autoritaires présentent souvent un visage avenant pour les exploiteurs capitalistes, c’est que ces régimes maitrisent la soumission des frondeurs. En écrasant toute parole indépendante et avec un peu de torture policière, les fachos prétendent réussir à supprimer jusqu’au risque d’une agitation. On connait cependant leur peu de succès même dans ce domaine où le supplice et l’assassinat constituent l’épouvantail suprême.

Il parait cependant difficile de comprendre pourquoi les fachos parviennent apparemment à séduire des électeurs. Il faut dire qu’on les y aide. Qui sont-ils ces éditorialistes crétins, ces ineptes intellectuels, ces commerçants nigauds, ces parlementaires niais, ces ministres vicieux qui ont joué les représentants de commerce de l’Europe préfasciste ?

Voilà qu’est annoncée maintenant une nouvelle ignominie encore : la crise ! Le capitalisme est toujours une crise. Pour le vieux monde, seule la pauvreté ne constitue pas une crise, mais au contraire la variable sur laquelle peser. Quand la rémunération des patrons est jaugée par celui des profiteurs de Wall-street, le salaire est toujours aligné sur le « prix » des travailleurs du tiers-monde. Le profit reste la seule logique des marchands.

Contre ceux qui naïvement ânonnent une vertueuse amélioration des économies libérales, il faut redire qu’il n’y a pas de capitalisme humain, juste de l’exploitation capitaliste sur le dos de ceux qui travaillent. Les capitalistes gagnent de l’argent en dormant ou en se prélassant sur leur yacht. Avec l’économie de marché, n’importe quelle crapule peut s’afficher sans foi ni autre loi que le profit, n’importe quelle canaille peut déblatérer sur les meilleures manigances pour briser toutes les charges, comme ils disent, comme s’il s’agissait d’une évidence…Plus de flexibilité, plus de croissance, plus de travail toujours sur les mêmes. Qu’est-ce-que les profiteurs en ont à faire de la vertu économique ? Le monde marchand nous prend pour des imbéciles en dissimulant que le capital est d’abord le vol crapuleux du travail salarié. Le fascisme des têtes est là pour tout rendre confus, pour trouver d’autres ennemis, des roms, des juifs, des arabes, des homosexuels, des pauvres. Le fascisme, comme la religion, est là pour faire croire qu’il n’y a aucune vraie opposition entre le capital et les exploités, pour embrouiller toute l’affaire et nous mettre sous le joug des accapareurs.

Les fachos se nourrissent de toutes les précarités, de ce que subissent de plein fouet les pauvres : 

. Précarité de l’habitat : quand le droit de loger ses enfants résulte du bon vouloir de ceux qui marchandent les toits.

. Précarité des ressources : quand la vie dépend de l’obtention d’un travail sur lequel on n’a aucune prise, quand le salarié doit même quémander de rester s’échiner à l’usine, quand le chômage persiste comme un chantage permanent à la survie. 

. Précarité sociale : quand, dans la solitude de la consommation, tout est joué pour opposer les uns aux autres, depuis l’organisation intrinsèque de la concurrence entre salariés jusqu’à l’ineffable isolement des âges.

. Précarité de la sécurité vitale : quand la maladie, la vue, les dents ne se soignent plus chez les pauvres. Quand aux disputes et expédients de la survie ne répond que la violence de l’enfermement carcéral.

. Précarité culturelle enfin : quand le savoir-faire des pauvres a été relégué au néant de l’inutile et quand les repères sociaux sont désintégrés dans la « people-lisation » d’une littérature vulgaire et des spectacles de masse.

Alors, oui, il est facile aux fachos de proposer des caricatures, des manifestes franchouillards et sécuritaires, légitimés par la droitisation des idées, avec toujours plus de maréchaussée, de surveillance, de xénophobie, de sexisme, de communautarisme. Ma gueule d’abord, la préférence « nationale », c’est la validation abjecte des héritiers et du népotisme. L’extrême-droite n’a pas d’opinions, elle flirte juste avec les diffamations, sexistes, racistes et xénophobes. Sur un programme d’exclusion des pauvres et de confiscation de la liberté, le totalitarisme installe l’intervention des polices et autres milices. Le peuple doit se taire, que ce soit en Syrie où l’on assassine, dans les geôles de Khadafi ou de Belarus ou encore dans les caves du Turkménistan.

Non, les doctrines souvent criminelles, véhiculées par l’extrême-droite, les droites populistes et autres nazillons, ne sont pas nées du vide. Les fachos n’existent que parce que le monde marchand persiste à priser l’autoritarisme et la simplification. C’est à l’ombre des petits chefs que le mouton se sent à l’abri des loups. Dans le monde marchand, il est réclamé que le salarié collabore et devienne lui-même un agent de délation et de répression. On invite le salarié à la dénonciation des autres, comme toujours, là est le ferment des fachos. Ces micro-fascismes quotidiens, décentralisés, subjectifs abreuvent progressivement la construction mentale d’un grand fascisme bureaucratique, administratif et policier. Ce sont les mêmes bien-pensants qui exigent ces collaborations et qui viennent ensuite donner des leçons de morale électorale ?

Non, nous ne serons pas ces collaborateurs attendus.

La précarité est la première violence. Nous résistons tous les jours à cette idée que notre vie sociale soit réduite à une survie économique et marchande.

Cette résistance est là. Elle n’est pas à vendre.

Thierry Lodé


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