vendredi 9 décembre 2011

Mumia Abu Jamal - la peine de mort comme leurre médiatique


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Derrière la médiatisation de cette affaire centrée sur la question de la peine de mort se cache le combat révolutionnaire de toute une vie. Mais aujourd’hui, l’abandon de la condamnation à mort signe avant la mort de sa médiatisation, dérangeante bien que sélective.

Hier, tous les journaux du pentagone…euh excusez-moi du lapsus, mon clavier a fourché… tous les journaux de l’hexagone donc, ont gentiment fait suivre à nos concitoyens l’annonce reçue par l’AFP de l’annulation définitive de la condamnation à mort de « l’ex (sic) militant noir américain Mumia Abu Jamal ». Tout d’abord son militantisme révolutionnaire est bien vivant, je peux l’attester pour avoir lu ses livres et articles divers qui continuent à nourrir la pensée révolutionnaire afro-américaine depuis qu’il est en prison. Il n’y a qu’à voir sa tête sur la photo publiée avec l’article du Monde à ce sujet : s’il n’était plus militant il ne se serait pas battu pour garder ses dreadlocks en prison, mais ce genre de détail passe bien loin au-dessus de la tête atrophiée de son sens de l’analyse du journaliste lambda. Ces journalistes feraient leur travail s’ils évoquaient un peu plus les productions audio et écrites de Mumia depuis qu’il est en taule au lieu s’épancher de leur misérabiliste droit-de-l’hommisme à deux balles sur la question de la peine de mort qui n’est finalement pas centrale dans cette affaire. Mais vous me direz, sans question de peine de mort, on n’aurait même pas parlé de cette affaire dans les médias français. En effet depuis qu’on l’a abolie en France, c’est la seule chose qu’on se permet de critiquer de manière consensuelle dans la justice américaine, avec une complaisance implicite pour tout le reste.

Si la question de la peine de mort n’est pas centrale, et que finalement la perpétuité ne vaut pas mieux en tant qu’assassinat en bonne partie de l’être social, l’acharnement à vouloir l’exécuter, puis maintenant l’abandon de ce désir morbide, est par contre intéressant à analyser, justement dans sa dimension médiatique. Voyant que même emprisonné dans les pires conditions imaginables (je vous conseille vivement de lire ses bouquins), il parvenait toujours à ce que ses idées et critiques soient diffusées, les autorités ont cherché à faire appliquer au plus vite sa condamnation. Plusieurs dates ont d’ailleurs été fixées, mais à chaque fois abandonnées en raisons des appels que Mumia pouvait faire à différents niveaux du système judiciaire. Finalement, il ne faut pas croire que la cour suprême ait été plus intelligente ou humaniste que les autres.

Simplement, elle a fini par comprendre que le rayonnement international de cette affaire qui offre une tribune à Mumia pour faire connaître son nom, et diffuser ainsi ses écrits et ses idées, est étroitement lié à l’existence et à la médiatisation en Europe d’un combat contre la peine de mort aux USA. A présent, dans les limites posées par l’étroitesse du champ d’analyse mass-médiatique, Mumia est un prisonnier comme un autre, ce qui provoque d’ailleurs des réactions haineuses chez les commentateurs du site du Monde et d’autres journaux pour qui le sujet s’arrête à celui de la peine de mort. Finalement aujourd’hui, Mumia est bel et bien mort pour les grands médias d’occident, puisqu’il n’y a plus de raison consensuelle valable de parler de lui !

Et c’est pourtant bien dommage que la presse française ne cherche pas un peu plus à documenter le fond de cette sale histoire et se contente d’exprimer son opposition à la peine de mort. C’est bien dommage, mais tout à fait logique finalement. Ça permet notamment de ne pas trop questionner la raison politique de cet acharnement juridique dont Mumia a fait l’objet, et d’exclure de s’intéresser au combat politique de l’homme qu’on a voulu faire taire, en vain.

Depuis le début, de nombreux éléments prouvent que Mumia ne peut pas être le meurtrier (analyses balistiques, témoignages que les jurés ont refusé d’entendre etc...), et depuis juin 1999, le dénommé Arnold Beverly a déclaré sous serment avoir tué le policier Faulkner, innocentant par conséquent Mumia Abu Jamal, mais voilà, cela pose problème !

Problème n°1 : ça met au jour un complot impliquant la police de Philadelphie qui voulait se débarrasser du policier Faulkner pour de sombres affaires dans lesquelles il était mouillé. Ensuite on ne sait pas si c’était voulu dès le départ de faire porter la culpabilité à Mumia, probablement pas en fait. Mais il se trouve qu’il était à cet endroit à cet instant, et avec une arme, qu’il avait toujours sur lui depuis des agressions qu’il avait subi lors de son travail du soir, chauffeur de taxi, qu’il exerçait au moment du meurtre. Et puisque sa voix d’animateur radio qui n’avait pas sa langue dans sa poche dérangeait, on a trouvé une double bonne occasion, de faire taire Mumia, et de couvrir les vrais coupables, une aubaine pour le couple justice/police ultra corrompu de Philadelphie.

Une fois l’accusation portée sur lui, ce couple maléfique soutenu par les pressions du syndicat de police (extrêmement raciste à Philadelphie) et la logistique du Cointelpro (Counter Intelligence Program), a tout mis en oeuvre pour un procès odieux et tout sauf équitable qui assurait la peine maximale à Mumia. Je n’ai pas le temps de vous balancer tous les liens, mais vous pouvez vérifier sur le net, tout ce que je dis est avéré et documenté, si bien même que nos journalistes de salon n’ont aucune excuse.

Problème n°2 : La justice Américaine est moderne, comme chacun le sait. La cour suprême, en dernier appel ne pouvait plus ordonner la révision du procès, mais uniquement du jugement capital, même si on a maintenant tous les éléments qui prouvent son innocence. Lex dura sed lex, comme disent ceux à qui elle profite. Le plus incroyable c’est de savoir que le meurtrier est passé aux aveux mais qu’on ne peut pas le juger. Vous imaginez un gars qui vient au commissariat en disant "Eh les gars je suis un meurtrier, arrêtez moi, mettez moi en taule" et le flic qui lui répond "non c’est pas possible, il y a déjà quelqu’un à cette place là dans mon fichier, je ne peux pas mettre quelqu’un d’autre, il va falloir trouver une autre victime si tu veux être emprisonné mon gars !". On pourrait se croire dans un roman un peu délirant, mais non c’est bien réel et la justice US permet ça. On appelle ça le progrès je crois, enfin en tout cas c’est le type de système juridique qu’ils essayent de mettre partout dans le monde quand ils prétendent moderniser un pays…

Je m’arrêterai là, la gorge serrée, mais Mumia n’est pas prêt d’arrêter son combat.

Respect à sa force intérieure, et son combat révolutionnaire !

Ona Move ! All power to the people !

yo
http://www.youtube.com/watch?v=00ndpEKY9XY
http://www.freemumia.com/

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