mercredi 7 décembre 2011

Mondialisation contre mondialisation : et pourquoi pas une “Internationale des indignés” ?


Il y a quelques jours, une nouvelle initiative a été lancée sur le blog de Paul Jorion, intitulée “l'utopie réaliste“. En moins de 1500 mots et jusqu'au 31 décembre 2011, toutes les contributions qui imagineront les bases d'une nouvelle société seront récoltées, et j'imagine sélectionnées ultérieurement (je ne sais sous quelle forme).

Bien tenté d'apporter ma petite pierre à l'édifice, je me préparai donc à engager ma contribution, et commençai à faire la liste des mesures me semblant essentielles :

- transparence absolue des comptes de l'Etat et de ses représentants, avec abrogation du “secret-défense” et du secret d'Etat, fin de l'immunité présidentielle et interdiction des conflits d'intérêts.

-fin des paradis fiscaux et contrôle strict des chambres de compensation.

- programmes de recherche pour éradiquer la pollution, favoriser l'émergence des énergies réellement renouvelables (c'est-à-dire inépuisables), re-localisation de la production agricole.

-programmes de relance pour plus d'éducation, plus de santé, plus d'emplois, plus de social : chaque besoin devant trouver une solution.

- réforme fiscale plafonnant les revenus, taxant les riches et aidant les pauvres, interdiction des paris sur les fluctuations des prix et de la spéculation sur les matière premières, fermeture de la bourse.

- etc…

Cela avait de quoi faire rêver n'est-ce pas ? Pour ce qui est de l'utopie nous y sommes… Mais cette utopie est tout bonnement non pas irréalisable mais irréaliste.
Car en s'opposant à la logique de marché imposée par le capitalisme, une nation qui s'engagerait dans la voie de la justice sociale se retrouverait rapidement isolée sur le plan international, puis exclue de cette “mondialisation” qui effraie tant aujourd'hui, et à laquelle il n'est pourtant plus aujourd'hui possible d'échapper. Les taux d'emprunts de la France flamberaient, empêchant toute dépense et asphyxiant aussitôt l'économie : un Etat seul ne peut pas s'opposer aux règles qui régissent les échanges mondiaux, et encore moins les changer.

Cela prouve une fois de plus que la démocratie au niveau “national” n'a désormais plus aucun sens. Et cela signifie aussi que dans la mondialisation, il faut que tous soient d'accord pour changer les règles, ou au moins que les plus forts parviennent à l'imposer aux plus faibles. Aujourd'hui la démocratie doit être mondiale, ou ne pas être. Mais “mondialement”.

Et c'est bien de cela dont nos dirigeants ont déjà pris conscience : les règles du capitalisme international ne leur permettant pas, à terme, de perpétuer leur domination sur le reste du monde, ils tentent actuellement d'imposer aux peuples la mise en place d'une “Alliance” assez forte pour transformer radicalement les règles de fonctionnement de nos sociétés. En quelque sorte, ils font le même travail que celui proposé par monsieur Leclerc chez monsieur Jorion, mais à l'envers ; sauf qu'ils ont un coup d'avance.

Pourtant, il suffirait de presque rien pour que les peuples dépassent le mur de la mondialisation financière : il leur faudrait juste, en retour, créer une “mondialisation de la contestation” pour résister à celle de la finance. Une sorte “d'Internationale des Indignés”, capable de se rassembler et d'agir partout en même temps, sous un mot d'ordre commun, avec un discours unique, à travers une nécessaire organisation de leurs structures locales. Car ce n'est qu'en unissant, en agrégeant, en organisant, en unifiant tous ces petits mouvements indépendants, encore “purs” de “science politique”, que les peuples trouveront l'espoir d'une “autre” société. En s'appuyant sur les outils dont nous disposons aujourd'hui, nous avons l'opportunité de fédérer, et aussi d'internationaliser un vaste mouvement démocratique.

Car il faut se rappeler que l'internet est encore libre : que ce soit par l'intermédiaire des réseaux sociaux, des forums, des blogs, des pétitions ou de la vidéo en ligne, les peuples indignés ont le pouvoir de se rassembler, de communiquer, d'échanger et de débattre d'un bout à l'autre de la planète. Les peuples ont aujourd'hui plus que jamais la possibilité (et le devoir ?) de mettre en place, au niveau international, toute l'infrastructure nécessaire à cette “Internationale des Indignés”, seule capable de répondre aux enjeux de la mondialisation financière. Ils peuvent engager eux-mêmes les consultations, les débats et les réflexions sur ce que pourrait être une nouvelle société. Ils peuvent organiser eux-mêmes le fonctionnement de leurs futures Assemblées Constituantes, partager leurs réussites et leurs échecs locaux, échanger leurs méthodes. Ils peuvent coordonner leurs actions, leurs mouvements de grèves ou leurs manifestations. Ils peuvent établir eux-mêmes les règles auxquelles ils désirent se soumettre, car ils seront alors, véritablement, les 99%

Car la révolution ne se décrète pas : elle se prépare. Comme le disait déjà Marx en son temps la révolution, pour fonctionner, doit être mondiale. Elle doit se produire partout en même temps, pour ne pas se trouver enfermée ni contrainte par le reste du monde. Pour qu'elle se réalise, il faut qu'elle soit considérée comme juste par tous, et que toutes les règles de fonctionnement du nouveau régime mis en place soient définies et acceptées en amont.

Imaginez après que la révolution se produise partout et en même temps, de manière coordonnée et réfléchie, pacifique car soutenue par tous les 99% ; et alors tout devient enfin à la fois réalisable… et réaliste.

Caleb Irri

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