samedi 17 septembre 2011

S'indigner, s'organiser, se battre




L’indécence des tenants du système capitaliste n’a pas de limites et l’actualité sociale de cette rentrée le démontre une fois de plus. Voilà des gens qui ont défendu partout des politiques où les spéculateurs et les banquiers ont été arrosés de dizaines de milliards, voilà des gens qui ont justifié partout les plans massifs de licenciements, les destructions des services publics, l’allongement de la durée du temps de travail, les remises en cause des conventions collectives et des statuts, tout cela au prétexte de « la crise », voilà des gens au service des entreprises du Cac 40 qui ont enregistré en 2010 82 milliards d’euros de profits (40 milliards au premier semestre 2011), et les mêmes nous refont aujourd’hui le coup de la dette ! Mais comme ont pu le dire par milliers les salariés grecs : « Cette dette n’est pas la notre ». Mais comment des gouvernements souvent très affaiblis (Berlusconi, Zapatéro, Sarkozy) peuvent-ils encore tenir ? La réponse est malheureusement toujours la même : essentiellement grâce à la complicité des organisations syndicales. En Italie, le 28 juin dernier, le patronat et les trois principaux syndicats ont signé un « pacte national pour l’emploi » qui reprend dans ses grandes lignes l’accord signé en janvier 2011 chez Fiat : grève quasi interdite, pauses réduites, travail six jours par semaine, procédure de licenciement sans motif facilité, suppression de trois jours fériés… On comprend la joie du ministre des Finances Giulio Trémonti déclarant aux trois leaders syndicaux : « Merci pour ce que vous avez accompli dans l’intérêt du pays. » En Espagne aussi, avant l’été, les directions de l’UGT et des CCO ont signé un pacte social avec le gouvernement. Quant à la France, les responsables de la CFDT, de la CGT, de la FSU de l’Unsa et de Solidaires (!) ont signé, le 18 août, un communiqué commun pitoyable mais révélateur – s’il en était encore besoin – de leur orientation : ces braves gens, qui s’inquiètent dés le préambule de la « stabilité de la monnaie commune et de l’avenir de l’Union européenne », réclament – après quelques considérants sur le système qui est pas gentil avec les travailleurs – des « mesures pour réduire les déficits publics ». Ça tombe bien, camarades, Fillon s’en occupe justement ! Bien sûr, ces fossoyeurs des luttes vont expliquer qu’il faut d’autres mesures plus justes pour réduire la dette comme ils expliquaient à l’automne dernier qu’il fallait non pas le retrait de la loi Sarkozy sur les retraites mais « une autre réforme ». Ces gens là se placent désormais en permanence sur le terrain de l’accompagnement du système voire de la colégislation et il faudra bien qu’un jour ils payent leur dette aux salariés qu’ils trahissent… Parallèlement, les mêmes ont mis en place un dispositif fort peu original mais efficace de journées saute mouton : 27 septembre dans l’éducation nationale pour « un budget 2012 ambitieux » (ce qui revient à avaler la rentrée 2011 pourtant catastrophique), 6 octobre pour les retraités seulement et 11 octobre au plan interprofessionnel pour que les salariés « pèsent dans le débat ».
Tout cela, bien évidemment, débouchera sur une impasse et on nous expliquera que la seule issue est de bien voter en mai 2012… Tout cela semble bien ficelé à quelques détails près. Tout d’abord, tout comme l’automne dernier, tout ce petit monde, malgré le maniement de la carotte et du bâton, n’a toujours pas réussi à intégrer Force Ouvrière dans ce dispositif et ça les emmerde un peu. Certes on ne peut pas dire que la direction de FO fasse preuve de beaucoup d’audace ou de détermination (c’est le moins que l’on puisse dire), mais elle n’a pas franchi le trait qui permettrait au gouvernement, comme en Italie ou en Espagne, de passer à une étape supérieure (cela dit, le risque existe de toute évidence, d’où l’initiative, dont nous reparlerons, de militants anarchistes, libertaires, syndicalistes révolutionnaires, de se regrouper). Et puis, il y a ces centaines de milliers de salariés, de chômeurs, de jeunes qui ne sont pas près à se laisser marcher sur la tête et qui, s’ils trouvaient un point d’appui, pourraient passer de l’indignation à la révolution… Notre tâche est immense. Sans prétendre donner de leçons à quiconque, mais sans renier non plus nos pratiques et nos analyses, il nous revient à notre modeste niveau d’aider à la clarté politique et à l’organisation des luttes.

Fabrice (groupe La Sociale)

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