mardi 20 septembre 2011

nous étions au bord du gouffre

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Et nous avons fait un grand pas en avant…aurait pu ajouter François Baroin, le ministre de l’économie, lors de l’émission dominicale (Le grand rendez-vous) d’Elkabbach du 18 septembre 2011 à laquelle il avait été invité.

Il a pourtant déclaré le contraire, en bon adepte de la méthode « Coué », sur le thème « tout va très bien, madame la Marquise » défendant l’irrationnel.

Florilège : « à chaque fois, on a atteint nos objectifs, on était même un peu en avance en début d’année (…) on est méthodiques et rigoureux dans la maitrise et dans la réduction des dépenses ».

Mais les chiffres sont têtus, et aujourd’hui la France est le 19ème pays le plus endetté au monde, par rapport à son PIB parmi 195 Etats.

En 2004, Sarközi était aux affaires, ministre du budget et assurait que le projet de loi de finances pour 2005 était un budget de rétablissement des comptes publics. lien

La suite démontra le contraire.

La croissance mondiale en 2004 avait été l’une des plus fortes de ces trente dernières années (4,5%) : pour l’Europe, elle était de 2,7. (lien), la Francen’atteignant qu’à peine les 2%.

Puis ça été la dégringolade : 1,2% en 2005, légère remontée en 2006 avec2,2%, alors que l’Europe était en moyenne à 2,8%, puis ce fut la chute avec0,32 % en 2008. lien

En 2010 la croissance n’a été que de 1,5%, et 2011 pourrait n’être que de0,2%, même si l’optimiste Barouin prévoit encore 2%… lien

C’est peut être l’occasion de s’interroger sur la clairvoyance de certains « experts » es économie, comme par exemple la nouvelle patronne du FMI,Christine Lagarde, qui n’avait pas hésité à déclarer au mois d’aout 2007 : « le plus gros de la crise est derrière nous ». (lien) ou comme un autre ministre de l’économie, Eric Woerth qui, en 2007 aussi, était convaincu que : « on peut s’autoriser une pause dans la baisse des déficits» ajoutant au sujet du bouclier fiscal, et des divers cadeaux faits au nantis « nous devons considérer les mesures fiscales que nous allons prendre non pas comme un cout, mais comme un investissement ».. lien

Et quid de Patrick Artus, économiste réputé, de Natixis qui affirmait triomphalement en 2008:

« La crise est finie ! Je reviens des Etats Unis. Tous les acteurs de marché me disent la même chose : les institutions financières américaines ont enterré la crise ». lien

Quand à DSK, encore au FMI en 2008, pas encore entaché dans d’encombrantes frasques sexuelles, il déclarait : « les pires nouvelles sont derrière nous », faisant preuve d’un manque total de lucidité, et une nouvelle fois d’une réaction inappropriée. Lien

Alain Minc, le notoire conseiller présidentiel n’était pas plus lucide lorsqu’il déclarait en octobre 2008 : « cette crise est grotesquement psychologique». lien

Daniel Cohen déclarait à son tour, à l’automne 2008 : « nous allons en effet vivre une année horrible (…) la bonne nouvelle, c’est que cela ne durera pas longtemps ». lien

Et que dire de l’analyse contestable d’Alain Madelin qui en octobre 2008disait : « cette crise n’est pas un échec des théories libérales ».

Même l’agrégé d’économie, Marc Bousseyrol était à coté de la plaque lorsqu’il affirmait en mai 2009 : « la dette publique est un outil légitime de politique économique, qui permet de fabriquer de la croissance si elle est gérée avec intelligence ».

Quand au patron, Ernest Antoine Seillière, il déclarait sans rougir dans les échos du 3 juin 2009 : « après quelques mois de tentation réglementaire, le calme revient et c’est tant mieux ».

Comme le relève le rédacteur de « Charlie Finance » dans son bêtisier : ces spécialistes ont fait preuve d’un gros manque de lucidité.

De Guy Sorman à Alan Greenspan, en passant par Ben Bernanke, ou jean Claude Trichet, ces économistes patentés se tous plantés en beauté.

Guy Sorman donc, dans son livre « www capitalisme » paru en 2000, affirmait « le marché ne se trompe guère », pendant que Greenspan, alors qu’il était président de la FED, en 2005 se flattait de son rôle « de porteur d’innovations constructives, avancées technologiques financières, accouchant selon lui d’une croissance rapide du « prêt hypothécaire » appelé aussi subprimes, qui profiteraient aux consommateurs ».

Quant à Ben Bernanke, président de la FED il affirmait en février 2007 que « l’économie américaine est en bonne santé, et sa transition vers un taux de croissance modéré et durable est couronnée de succès ».

Pour Jean Paul Servais, président de la commission bancaire belge « les banques belges n’ont aucun problème de solvabilité, ni de liquidité ». lien

Arrêtons ce florilège qui pourrait se prolonger quasi à l’infini et intéressons nous à un blogueur plein d’humour lequel nous propose un scoop : « si en effet le pain a augmenté de 7%, les pâtes de 17%, les légumes de 11%, le gaz de 20%, le gazole de 20%, l’essence de 13%, le fuel domestique de21%, les assurances de 5,6%, le péage des autoroutes de 7,8%, le forfait hospitalier de 26%, le jeton de caddie devrait en principe rester à 1 € dans la plupart des grandes surfaces ».

Par contre les salaires ne bougent pas beaucoup, et en 2011 ils n’ont monté au maximum qu’à 2,6 % en moyenne (lien) bien loin de l’augmentation globale des produits de consommation courante.

Sarközy affirme que l’ère du gaspi est terminée, mais si l’on en croit le rapport de la Cour des Comptes 2010, les progrès accomplis sont maigres. lien

Une exposition partielle sur 1200 m2 organisée pour le musée national du Sport, à couté cette année 4,4 millions d’euros alors que ce Musée n’a ni galerie, ni personnel adapté, et donc pas de public. lien

La république des copains a de beaux jours devant elle: récemmentDominique Tiberi, fils de l’ancien maire parisien, vient d’être promu contrôleur général économique, en dépit de l’avis défavorable de la commission qui notait les candidats, tout comme Isabelle Deleu, une modeste infirmière, mais militante dévouée à la sarközie. lien

Quand à Hervé Morin, il a accepté de réduire la taille de la piscine olympique qu’il envisageait d’installer au ministère de la défense, et qui ne coutera finalement « que » 30 millions d’euros, au lieu des 55 prévus initialement. lien

Sainte Marie et Saint Pierre à la Réunion, ont eu la surprise de voir débarquer Roselyne Bachelot, avec comme justification : des visites de logements sociaux, et l’inauguration d’un institut : l’ITEP, visite d’un week-end, qui ressemble plus à une opération de propagande, payée bien sur avec les deniers publics. lien

Au passage, on peut rappeler que peu de Français savent que le gouvernement à dépensé plus de 7 millions d’euros en pub et communication pour promouvoir sa réforme des retraites. lien

Le Sénat vient d’octroyer en douce à chacun de ses membres une prime de3531, 61 € (lien), et les acteurs de la campagne présidentielle de l’UMPutilisent discrètement pour sa propagande le site de l’Elysée. lien

Le 15 septembre dernier, le voyage à Benghazi sent le caprice présidentiel à plein nez, avec avions, hélicos, journalistes accrédités, service d’ordre avec l’envoi la veille de 160 CRS, lesquels ont reçu une prime exceptionnelle de500 €…le cout de ce voyage hors norme reste encore ignoré. lien

A mettre en parallèle avec le discours citoyen du Président qui venait d’être élu et qui déclarait entre autres « ne plus gaspiller un seul euro d’argent public, tel doit être l’idéal vers lequel nous devons tendre… ».

L’intégralité de son discours du 27 mai 2007 est sur ce lien.

Quand à la moralisation des banques, elle n’est pas encore à l’ordre du jour.

Les expatriés fiscaux coulent de beaux jours, Liliane Bettencourt a encore quelques millions d’euros bien au chaud dans les paradis fiscaux, (lien) et les grands patrons continuent de toucher des dividendes discutables, alors même que leurs entreprises plongent dans le rouge.

Au mois d’aout dernier, ils se sont partagés près de 2 milliards d’euros. lien

Mais revenons à la crise.

Aujourd’hui, la Grèce reste dans le collimateur de l’Europe, et la France veut convaincre ses partenaires de la sauver à tout prix au moment où le ministre allemand de l’économie, Philipp Rösler n’exclue plus l’hypothèse d’une faillite grecque, suivi par l’Autriche qui envisage sérieusement de la lâcher.

Ce qui ne fait pas l’affaire de la France.

En effet, les banques françaises se sont largement investies en Grèce, elles sont en première ligne (lien) et si la Grèce était déclarée en faillite, les banques françaises en subiraient les conséquences, faisant écrouler peut-être, comme un vulgaire château de carte, tout l’édifice financier de notre pays.

Alors comment croire encore François Baroin debout sur le pont, droit dans ses bottes, qui, se voulant rassurant, à déclaré « les banques françaises ont les moyens d’y faire face ». lien

Mais comme dit mon vieil ami africain : « les tonneaux vides sont ceux qui font le plus de bruit ».

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